- Auteur : Frank Niedercorn
Bordeaux vend dorénavant plus en circuit traditionnel qu'en GMS
Pas de miracle mais une confirmation pour les vins de Bordeaux. Les chiffres du bilan économique annuel publié par le CIVB reflètent les tendances de fond du marché. Ainsi, la glissade des ventes se poursuit avec un recul de 4% en volume sur la période 2023-2024, à 3,6 Mhl pour une valeur estimée de 3,4 Md€. Plus de la moitié de ces ventes (58%) concernent le marché français et se répartissent, selon les estimations du CIVB, à parts égales entre la grande distribution (42%) et les circuits traditionnels (44%), devant le hard-discount (14%). Si le poids du marché français reste stable, les difficultés de Bordeaux se lisent à travers le recul de la GD qui, il y a une petite décennie (2015-2016), absorbait 49% des volumes, devant les circuits traditionnels (35%), devenus aujourd’hui un débouché majoritaire. Bordeaux pâtit aussi du phénomène de déconsommation du bordeaux rouge dont les ventes ont reculé de 44% en 10 ans en GD, contre 41% pour l’ensemble des AOP rouges.
À l’export, si l’Union européenne absorbe 29% des volumes, l’Amérique du Nord est redevenue la première destination en volume (20%), juste devant la Chine, la Belgique, le Japon et le Royaume-Uni. Les ventes aux États-Unis (417 M€) ont ainsi progressé de 13%, quand elles ont reculé de 13% en Chine, à 349 M€, alors qu’elles avaient dépassé les 700 M€ en 2017. « La Chine explique à elle seule plus de la moitié des volumes perdus à l’export depuis 2017 [soit à l’époque 2,2 Mhl, ndlr] », note ainsi le CIVB. En volume comme en valeur, les dix premières destinations à l’export pèsent 77% des ventes.
Comme prévu, la vendange 2024 a été historiquement basse en Gironde, à 3,3 Mhl récoltés, et même inférieure aux 3,5 Mhl de 2017, année du gel. La diversification du vignoble se confirme et s’observe désormais sur les chiffres. La production de rouge, toujours ultra-majoritaire, recule toutefois à 80,5% en 2024, contre 85% en 2015. Un recul qui s'opère au profit des blancs secs (10,5% vs 8,5% en 2015) et des crémants (4% vs 0,8% en 2015), tandis que les rosés (4%) et les blancs doux (1%) restent au même niveau.