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Reportages

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Analyse approfondie des terroirs, stratégie marketing et communication renouvelées, démarche des crus vers une catégorie « premiers crus », le Beaujolais poursuit son évolution sans révolution.

En Beaujolais, les années 2023 et 2024 verront de nouvelles étapes de réorganisation se dérouler. À la fin de l’année, un dossier visant à la création d’une appellation « beaujolais-pierres-dorées » sera déposé à l’Inao. « Toutes les parcelles des quarante-deux communes produisant des beaujolais et des beaujolais-villages ont été analysées, et chaque terroir est maintenant caractérisé, explique Daniel Bulliat, président de l’ODG beaujolais et beaujolais-villages. Chaque commune a sa carte des terroirs, un outil qui va beaucoup servir à la montée en gamme. » Mais « attention, il y aura des conditions restrictives, précise le président. Toutes les communes n’auront pas accès à la nouvelle appellation ». Quand l’Inao aura statué, ce qui, chacun le sait, peut prendre… un certain temps, on trouvera dans le commerce des bouteilles de beaujolais rouge ou blanc – ce dernier appelé à se développer – portant la dénomination géographique complémentaire « pierres-dorées », qui évoque la couleur des villages de cette zone proche de l’agglomération lyonnaise. Du côté des beaujolais-villages, il est déjà possible d’adjoindre à l’appellation un nom de commune mais, sur ce dossier, « nous avons encore besoin d’avancer », juge Daniel Bulliat. Pour ces différents chantiers, « il y aura de l’arbitrage et de l’harmonisation à faire, et il faudra que le consommateur s’y retrouve », espère le président. En attendant, la communication institutionnelle, réalisée avec la complicité de l’agence Terroir Manager, classe les vins du Beaujolais en trois univers : les vins festifs, les vins de caractère et les vins d’exception.

Les crus en route vers les « premiers »
Du côté des dix crus, le projet de passage de certains lieux-dits en premiers crus est désormais acté. Dès cette année, les dossiers des AOC brouilly, côte-de-brouilly, fleurie – et sans doute juliénas et moulin-à-vent – seront déposés à l’Inao. Saint-amour devrait être prêt en 2024. « On souhaite que chacune des appellations le fasse de manière autonome, et d’ailleurs pas forcément toutes », précise Jean-Marc Lafont, président de l’ODG des crus du Beaujolais. De fait, le cru régnié préfère pour l’instant travailler à la construction de son image, de même que chénas. Si chiroubles ne semble pas encore tout à fait mûr, morgon revendique six climats distincts depuis 1935. Faut-il aller en premiers crus et abandonner les climats, favoriser les seuls climats ou conjuguer les deux ? Telle est la question, non encore tranchée. « Le passage en premier cru suppose un cadre général comportant un niveau minimum de contraintes, notamment la baisse des rendements, mais chaque appellation est libre d’aller au-delà de ce châssis global », indique Jean-Marc Lafont.

 

Le Beaujolais en chiffres
Le vignoble du Beaujolais couvre 12 520 ha et 96 communes, dont 4% plantés en chardonnay.
Les 12 AOC sont produites par 2 000 domaines et 9 caves coopératives. 200 opérateurs ont une activité de négoce.
En 2022, le Beaujolais a produit près de 510 000 hl, soit plus de 68 M de bouteilles, 94% en rouge, 4% en blanc et 2% en rosé.
L’appellation beaujolais affiche 19,6 M de cols, les beaujolais-villages 16,8 M et les 10 crus en produisent 31,6 M (brouilly 6,7 M, morgon 6,7 M, fleurie 4 M, moulin-à-vent 3,3 M, juliénas 2,7 M, régnié 2,2 M, saint-amour 1,9 M, côte-de-brouilly 1,7 M, chiroubles 1,4 M, chénas 1 M).
Les vins du Beaujolais sont commercialisés à 65% en France.
Le top 6 des marchés export : États-Unis (5,9 M de cols), Royaume-Uni (3,8 M), Japon (2,6 M), Canada (2,5 M), Belgique (1,9 M), Pays-Bas (815 000).