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Actuellement, le marché du vin est poussif et celui des produits alimentaires est à la peine. Étonnamment, celui des vins bio est en forme ! Leur CA a crû de 6,3%, à 1,46 Md€ en 2022, soit 22,7% de plus qu’avant la crise Covid, révèlent les statistiques de l’Agence Bio communiquées par le salon Millésime Bio (29-31 janvier 2024 à Montpellier). « En volume, l’an dernier, les ventes du secteur ont progressé de 1% environ pour atteindre 2,5 Mhl », ajoute Nicolas Richarme, président de Sudvinbio, association organisatrice du salon. Une progression des volumes qui permet d’affirmer que l’inflation des 18 derniers mois n’est pas la seule cause de la croissance du CA.

Un marché qui échappe à la GD
La première explication de ce dynamisme tiendrait aux circuits de distribution. En particulier à la part croissante prise par l’export (38,6% des ventes), la vente directe (28,8%), les cavistes (10,9%) et la restauration (8,8%) dans la commercialisation des vins bio. Autant de circuits dans lesquels les producteurs peuvent davantage faire valoir la spécificité de leurs produits, à la différence de la grande distribution (9,1% des ventes) et des magasins bio (3,8%) où le conseil est plus limité et dont les parts de marché reculent pour le vin bio. En résumé, plus les consommateurs achètent de vins bio moins ils se rendent en grande distribution ! Cette dernière conserve tout de même deux atouts : la largeur de son offre et celle des conditionnements proposés : bouteille, demi-bouteille et BIB.
La bonne santé du secteur s’explique aussi par l’abondance et la diversité de l’offre. Avec 170 806 ha de vignes bio en 2022 (+5,1% par rapport à 2021) et près de 12 000 viticulteurs, contre 10 000 deux ans plus tôt, la France devance l’Espagne et l’Italie. Mais gare à l’excès ! « Il y a plus d’offre que de demande pour absorber les conversions », ne peut que constater Nicolas Richarme, avant de poursuivre : « La saturation est provisoire car la tendance de fond est favorable aux vins bio. »

Des consommateurs de plus en plus convaincus
C’est ce que confirme l’enquête consommateurs menée par le cabinet Circana pour Millésime Bio*. Le marché recrute de nouveaux clients et davantage de jeunes ! En effet, 39% des acheteurs de vins bio ont commencé à en acheter au cours des 12 derniers mois et bon nombre ont moins de 25 ans. Quant aux acheteurs déjà acquis, ils se disent encore plus convaincus. 37% pensent avoir augmenté leurs achats au cours des 12 derniers mois – 11% pensent les avoir diminués – et 32% pensent les augmenter à l’avenir. Dernier élément de satisfaction, les acheteurs de vins bio, qui sont très majoritairement « mixtes » (bio et conventionnel), ont plutôt l’intention de remplacer les vins conventionnels par des vins bio à l’avenir. Et la marge de progrès est confortable puisque les vins bio représentent, pour l’heure, seulement 42% de leurs achats.
Pourquoi les amateurs de vin montrent-ils un tel engouement pour le nectar en version bio ? Au-delà même du vin, le bio est souvent associé à la qualité et à la sécurité des produits. Logique respectée puisque dans le top 3 des motivations d’achat figurent : le respect de l’environnement, devant la confiance et la qualité des produits et la dimension santé. Pour plus d’un tiers des consommateurs interrogés, le bio est une caractéristique produit « indispensable » pour les vins vendus à partir de 10 € la bouteille. Mais le bio est aussi une tendance de fond puisqu’un tiers des personnes interrogées achètent du vin bio tout simplement parce que leur alimentation s’oriente de plus en plus vers le bio.
Exigeants pour leur consommation à domicile, les consommateurs le sont aussi à l’extérieur. Christophe Ferreira, du cabinet Circana, qualifie ainsi le circuit CHR de « stratégique », dans la mesure où, d’après l’étude, 1 verre de vin bio sur 4 est consommé hors domicile.

* Enquête menée du 5 au 9 septembre 2023 auprès d’un échantillon de 1 054 acheteurs, en respectant des quotas d’âge, de sexe, de CSP et de région.