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Reportages

Verre de vin rouge
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Avec 845 481 hl contractualisés, la commercialisation des côtes-du-rhône recule. Sa dernière campagne s’affiche comme la plus mauvaise depuis 9 ans, avec une chute de 29% des contractualisations, de 13% par rapport à la moyenne quinquennale, de 5% sur une année. L’appellation recule aussi en valeur. Les services économiques d’Inter Rhône relèvent que le côtes-du-rhône rouge s’échange à 119,30 €/hl (-18%), le rouge bio perd 34 € (-18%), le rosé chute de 10%, à 131,70 €/hl. Seul le blanc, hors bio, reste stable, autour de 168-170 €/hl. En rouge, certains échanges se sont signés sous la barre des 100 €/hl en fin de campagne. L’écart de prix entre le millésime courant et les millésimes 2021 et antérieurs se creuse. Le cours des récoltes des années passées chute de 4% en moyenne, à 16%. Les vieux millésimes s’échangent à 102,50 €/hl, contre 122,7/hl pour le 2022.

Plus d'une année de sortie en stock
Les volumes stockés du millésime récent restent sains. En revanche, les échanges sur les millésimes plus anciens, moins rémunérateurs, s’accroissent pour passer de 10% à 15% des volumes en moyenne à 25% aujourd’hui. Le stock estimé chez les producteurs en côtes-du-rhône générique pour le début 2023-2024 devrait avoisiner 1,2 Mhl à 1,25 Mhl (+7%), entre 100 000 hl à 110 000 hl pour le côtes-du-rhône villages sans nom de commune, et 255 000 hl à 265 000 hl pour le côtes-du-rhône villages avec nom de commune. Le marché connaît un ralentissement des sorties, s’éloignant des équilibres historiques, en augmentation de 0,8 mois entre le début 2022-2023 et le début 2023-2024, pour atteindre 12,3 mois (contre 7,1 mois avant Covid avec un stock inférieur de 57%). La déconsommation du rouge se traduit par une situation plus préoccupante, avec 13,3 mois sur cette couleur.

Les marques nationales résistent
Si, en France, la consommation des ménages en vins tranquilles baisse de 4,8% sur les douze mois glissants à août 2023, elle reste limitée pour les vins de la vallée du Rhône (-2,7%). Le côtes-du-rhône résiste même mieux avec une baisse de 0,5%. Les marques nationales (50% des volumes) sont en progression de 2,7%. En revanche, le CA réalisé à l'export se dégrade sur les marchés américain et britannique. Les destinations matures européennes restent bien orientées, mais peinent à compenser la chute des achats anglo-saxons. De ce fait, sur 12 mois glissants à fin mai, le CA export global recule de 5% et les volumes de 2%.

Sorties de chais
En volume, les sorties de chais de la campagne 2022-2023 en côtes-du-rhône devraient s’élever à 1 194 000 hl, accusant une légère baisse de 0,3%. Le conditionné, 23% des volumes, en croissance de 20 000 hl sur les trois dernières années (pandémie) pour atteindre 304 000 hl l’an dernier, retombe cette année à 271 000 hl (-11%). Pour le vrac traité par le négoce, le volume atteint 887 000 hl, soit 74% des sorties totales, avec une hausse de 3% cette année. Ce sursaut succède toutefois à une chute de 105 000 hl (-11%) ces 4 dernières années. Les vendanges fraîches gérées par les négociants-vinificateurs progressent de 7% pour atteindre 35 000 hl, se rapprochant de la moyenne quinquennale de 38 000 hl.

Chute du vrac
La coopération représente 66% du total des côtes-du-rhône, soit 794 000 hl sur 2022-2023. Ses sorties se répartissent à 83% en vrac et à 17% en conditionné. Le volume reste stable par rapport à l’année précédente, mais chute de 80 000 hl (-9%) par rapport à la campagne 2018-2019. Les volumes avaient chuté de 93 000 hl lors de la première année de la pandémie. Le conditionné affiche une stabilisation sur 4 ans (+1%) pour atteindre 138 000 hl, après des effets de yoyo (pic de 156 000 hl en 2021-2022). Les caves particulières ont, elles, commercialisé 363 000 hl sur la campagne, soit 31% des sorties de chais, 64% en vrac et 36% en conditionné, en recul de 2% cette année et de 9% sur 4 ans, soit un retrait de 34 000 hl malgré un bon maintien pendant les deux années de la pandémie. Le vrac recule de 40 000 hl sur 2021-2022 pour se redresser lors de la dernière campagne de 3%, tout en conservant un niveau assez bas de 230 000 hl, soit 25 000 hl de moins qu’avant la crise Covid. Le conditionné a connu un trou d’air puis un sursaut pendant la pandémie. Il tombe, aujourd’hui, à un niveau inférieur à la période 2018-2019, avec une perte de 10 000 hl (-7% en 4 ans).

Déconsommation du rouge
Le rouge, qui assure 86% des sorties de chais de côtes-du-rhône (hors vendanges fraîches) atteint 995 000 hl et accuse une perte de 100 000 hl par rapport à la période d’avant Covid (-4% par an, -14% sur 5 ans). Le rosé s’est écoulé à 79 000 hl. Cette couleur connaît une baisse régulière pour perdre 33 000 hl (-30%) entre aujourd’hui et la campagne précédant la pandémie. Et, fait historique, le blanc devient la seconde couleur de l’appellation avec 84 000 hl de sorties des chais, en progression de 20 000 hl (+32%) sur 4 ans, malgré une inflexion de 3% cette année.

Train de mesures
Pour parer à cette situation, la production et le négoce se sont dotés d’une réserve interprofessionnelle activée dès que le stock atteint 15 mois. Cet outil fut activé pour la récolte 2022-2023, où 443 opérateurs sur 745 ont bloqué environ 198 000 hl, dont 38 000 hl débloqués par la suite. Le syndicat, présidé jusqu’en décembre par Denis Guthmuller, a lancé « une boîte à outils » qui prévoit des mesures de distillation, une restructuration du parcellaire pour développer le blanc, la mise en jachère des terres, la reconversion avec des mesures d’arrachage, la négociation d’exonération de taxes sur le foncier non bâti et l’assouplissement des recouvrements de la MSA. Denis Guthmuller ne pourra se représenter au renouvellement de son mandat en décembre puisqu'il n'a pas été réélu dans son canton début octobre.