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Bouteilles de vin
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À Bordeaux, la campagne de mise en marché des primeurs 2022 n’a pas été un franc succès. De très nombreuses propriétés n’ont pas trouvé d’acquéreurs pour les quantités mises sur le marché et, dans certains cas, des négociants bordelais, acheteurs historiques et prioritaires, ont même décliné les allocations de châteaux pourtant prestigieux. Le fait de devoir désormais faire payer les 20% de TVA à la commande pour des vins déjà revalorisés de 20% en moyenne par les châteaux ne passe visiblement pas dans le contexte économique actuel.
De nombreux négociants pariaient sur les mises en marché des vins internationaux, qui sont désormais un temps fort du mois de septembre à Bordeaux, pour dynamiser un marché atone. Malgré l’arrivée de nouvelles marques, il semble que, là aussi, les choses ne se passent pas comme espéré. Les premiers retours (la campagne n’est pas encore terminée) sont plutôt pessimistes et font état d’une baisse de l’intérêt des acteurs devant le nombre de références et les prix sans cesse en hausse.
Les courtiers et les négociants commencent à s’inquiéter. De l’avis général, les commandes sont au plus bas et les stocks commencent à se déprécier. Plusieurs acteurs confirment cette tendance, avec une baisse moyenne de l’ordre de 15 à 20% sur les grands crus classés.
La Place de Bordeaux n’est pas la seule victime expiatoire de ce climat morose. De grands spéculateurs, à Londres ou au Danemark, font également état d’une dépréciation de leurs stocks de l’ordre de 15 à 20% afin de parer à la crise à venir. Enfin, si les bordeaux semblent être particulièrement impactés, la Bourgogne n’est pas en reste. Selon nos informations, les augmentations de prix (parfois de l’ordre de 50%) de certains très grands vins n’ont pas été une réussite. Sans citer de nom, certains domaines voient même leurs distributeurs internationaux refuser les allocations plutôt que porter des stocks intenables.
Il y a encore quelques années, se croyant protégés, les propriétaires de grands crus bordelais, plus enclins à spéculer qu’à distribuer leurs vins, regardaient avec circonspection les appellations bordelaises plus modestes s’enfoncer dans une crise que ni les institutions ni les acteurs ne semblent pouvoir enrayer. « Il se pourrait que, dans les mois à venir, tout le monde soit dans le même bateau », nous indique un instigateur majeur de la place. Et, à bien y regarder, Bordeaux pourrait être accompagné par quelques acteurs bourguignons et champenois.